La journée sans chaise

Publié le par écriv'ailleurs F.

La journée sans chaise

 

Cela devait arriver, cela nous pendait au nez comme un sifflet de deux sous. On le sentait mais personne n’y croyait vraiment.

Déjà quand on avait annoncé la journée de la femme, tous les machos se sont écriés :

«  A quand le siècle de l’homme » ?

Ensuite ce fut la journée des mères, puis des grand-mères car les unes ne sont pas forcément les autres. C’est surtout la fête des commerçants de tout poil.

Alors on a inventé la journée des voisins ; ça c’est bien. On ne se connaît pas, on s’aperçoit entre cage d’escalier et ascenseur  donc une journée café, discussion ou apéro avec cake salé, cacahuètes, spécialités du bled arrosé de jus d’orange, rosé pamplemousse ou whisky. Pas un coin de jardin ou  une marche d’escaliers inoccupés. Les gamins chahutent partout et les plaisanteries les plus raffinées fusent de toute parts. Qu’est-ce que l’on rigole !

On essaya encore autre chose : la journée de la courtoisie. Courtoisie au boulot ou courtoisie au volant. C’est assez risible quand on sait que dans chaque conducteur, un tigre sommeille qui se réveille à la moindre peccadille. Les noms d’oiseaux volent partout, la voiture est un bien précieux et nous sommes tous des excellents conducteurs.

Je passerai sous silence, la journée du cancer affiliée à la journée sans tabac, cela ne nécessite aucun commentaire. Sachons qu’elles existent !

Mais là je n’y crois pas. Ce matin la radio annonce qu’un coup de vent inouï a fait s’envoler toutes les chaises. Pas le moindre petit dossier pour caler son dos. Je suis rentrée chez un marchand de meuble : des canapés confortables, des bergères douillettes, des fauteuils feutrés  en veux-tu en voilà. Mais des  chaises ? Aucune. 

 

F;

Publié dans écriv' F

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